Cette fontaine met en scène avec une certaine allégresse des évolutions de notre culture, la rencontre avec l’Autre et la conviction que l’art peut bénéficier d’apports d’autres civilisations. Elle est « métisse » à plusieurs titres car s’y interpénètrent des physionomies, des notions, des symboles, des formes, des nuances plastiques de provenances diverses. Le « corps décoré » prend la place du « nu ». Les masques, visages légèrement aplatis, revêtent une gravité étrangère à la tradition européenne du carnaval, des grotesques, des gargouilles. L’idéalisation des traits leur confère une fonction cérémonielle : ils jouent en quelque sorte le rôle d’esprits tutélaires de la confrontation. La différence d’échelle entre les masques et les personnages, un plaisir en soi, est justifiée par l’astuce de la mise en scène. Parures, ornements, gestes, humanité des émotions concourent à la célébration des échanges. Ici la variété est enviable, la culture sait que la recherche du nouveau se nourrit de la diversité du monde, elle s’en félicite.